Thursday, February 10, 2011

Nicolas Bokov à la recherche d'un éditeur audacieux pour son roman "A l'Est de Paris"


À l’Est de Paris
190 000 caractères espaces compris.

A la fin du deuxième millénaire, il n’est pas désagréable de vivre dans une petite ville à l’Est de Paris, qui fait partie de la ceinture de la capitale. A sa limite commence la Champagne, les champs, une forêt louée par un club de chasseurs. La France profonde. Ici se sont installés quelques étrangers, un australien Kahn enseignant son anglais, ou encore un réfugié politique Ivan, avec son passé géographique exotique. Leur présence met du piquant dans l’existence de l’avocat Yves Duval de Marne ou celle d’André, organiste de la paroisse.
Ivan sert de lien entre les couches sociales différentes, celle des intellectuels et celle de la classe ouvrière car il travaille dans les ateliers de la mairie, faisant partie de l’équipe polyvalente, rebaptisée ‘volante’ par ses membres. Ivan est bien placé pour observer la fragilité de l’existence humaine: ainsi Jojo, chef de l’atelier, vit le drame de son ménage, le départ de sa jolie Kitty, fascinée, hélas ! même pas par un autre homme mais par une Marthe, guichetière à la poste.
Le camion de la mairie circule dans la ville, accomplissant des réparations ou d’autres commissions, distribuant, par exemple, des cadeaux de Noël aux retraités… Dans la cabine se serre l’équipe volante : le titulaire Marc, un noir Charles, Ahmed, musulman et papa poule, ou encore Alain, mélancolique, qui alla jadis jusqu’en Inde; il vit dans sa ville natale comme un captif. Mais il a de la chance, lui, il devient le gardien du cimetière, hélas, trop négligeant en cette place de haute responsabilité; il sera très vite licencié. La mort s’empare de lui, consommateur passionné du pastis. Sur son tombeau, le maire socialiste prononcera un discours émouvant.
Il y a encore une archiviste Mathilde, historienne d’art, victime du chômage dans sa profession, amie d’un architecte montant, Bruno, arriviste un peu cynique. Il abandonne bientôt la jeune femme pour une puissante conseillère du département, lady de fer madame Fay. Paniquée, Mathilde cherche de l’aide dans l’Art d’Aimer d’Ovide. Souffrante, elle remarque, enfin – et voilà le paradoxe du malheur! – le sentiment et la fidélité d’Ivan. L’australien Kahn, informé par Ivan, vient au secours de Jojo; grâce à son stratagème habile, Kahn charme Marthe et la détourne de Kitty. Et les choses retrouvent leurs places naturelles. L’abbé Ficher, contribue-t-il à l’harmonisation de la petite société ? On ne sait pas, quoique ses sermons charismatiques attirent même les incroyants.
Ce monde agréable a ses coins ombragés. Dans le quartier des Peupliers règne un caïd Ytchkok, devenu célèbre après l’incendie du lycée, on l’a montré et interviewé à la télévision. La ville est séparée de la France profonde par des carrières abandonnées, avec ses habitants marginaux, un gitan sédentarisé Alphonse, un Mohammed buveur et un solitaire mystérieux, connu sous le sobriquet de Naturiste. On aperçoit ce dernier de loin; selon des rumeurs, c’est un sage. Le lecteur pénètre dans sa grotte, suivant deux jeunes musulmans en quête de sens de la vie, qui viennent le voir et… discuter: ils demandent sur le champ de prouver que la terre tourne autour du soleil ! Et aussi, pourquoi il y a tant de mal et d’injustice sur terre?
Naturiste expose sa théorie de l’alternance des époques mauvaise et bonne, enracinée dans la Bible, dans l’épisode des frères jumeaux Jacob, «un homme lisse», et Esaü, «un homme poilu». Sa théorie est mise à l’épreuve plus tard lorsqu’un inconnu armé se manifeste dans les carrières.
C’est l’organiste André qui réunit un véritable cercle de causeurs philosophant autour d’une tasse de thé. On connaît déjà leurs noms, Yves, Kahn, Marthe, Ivan. Un soir, ils se proposent de raconter une histoire vécue qui a changé le cours de leur vie. Voilà qu’une mouche avait détourné un suicidaire de son projet; l’autre avait survécu à un incendie de forêt, dans la boue à côté d’une grenouille. Ou encore l’organiste, hypnotisé par la vue d’une malade du sida, saignant mais intouchable. Marthe, quant à elle, raconte une fondamentale parabole de crevettes.
Cette symphonie jouée et vécue dans une ville de banlieue se termine, comme on peut l’attendre, par un grandiose tutti: ce soir là, la France devient le champion du monde de football ! Les rues grouillent de monde, le curé ordonne de sonner le Te Deum en pleine nuit. L’avocat ouvre le champagne, le maire se réveille à son poste, devant la télévision. Ivan et Mathilde, eux aussi, heureux du bonheur des amoureux, contemplent la foule enthousiasmée. Même Ytchkok, à la maison d’arrêt, espère, avec les autres détenus, l’amnistie. Seul Naturiste plonge toujours plus profondément dans le silence total, divin.
bokovnicolas@yahoo.fr